StupéfiantsGenève lance son essai de vente légale de cannabis
Les inscriptions au test de distribution de weed légale débutent dimanche au bout du lac. Un point de vente ouvrira en décembre prochain, à Vernier.

Les produits vendus seront de plusieurs types: herbe, huile ou résine. (image d’illustration)
Getty Images/iStockphotoSe rouler un petit joint avec du cannabis acheté légalement dans un magasin va bientôt être possible pour environ 1000 Genevois. L’État a annoncé ce mercredi le démarrage de son projet d’essai de vente autorisée de weed. Les volontaires pourront s’inscrire dès dimanche sur le site de l’association ChanGE, qui pilote ce test de trois ans. Il sera «encadré de manière très rigoureuse», a souligné l’ex-présidente de la Confédération Ruth Dreifuss, qui préside l’association.
Le service d’addictologie des Hôpitaux universitaires et le Département de sociologie de l’Université de Genève seront chargés de l’étude: «On ne va pas prélever le sang des gens, mais travailler sur leur perception, leur comportement, leur consommation, a éclairé le professeur de sociologie Sandro Cattacin. On verra aussi comment le voisinage réagit.» Le projet devrait également permettre de mieux agir sur la prévention, a relevé, de son côté, le conseiller d’État chargé de la Santé, Pierre Maudet: «Il est fondamental d’accéder aux consommateurs pour développer une stratégie.»
Être majeur et habiter le canton
Pour participer, il faut être majeur, habiter le canton, et être un consommateur régulier, que ce soit dans un but festif ou thérapeutique. «On vise un panel très large, de 18 à 70 ans», a détaillé la coordinatrice de ChanGE, Martine Baudin. Après une présélection et un entretien, les candidats retenus pourront se rendre, dès décembre, au point de vente «La Cannabinothèque».
Ce magasin sera installé dans le quartier de Châtelaine, à Vernier, qui s’était portée volontaire pour l’accueillir. Situé près des transports publics, «ce ne sera pas un lieu lugubre, mais ouvert et intégré, a annoncé Martin Staub, conseiller administratif de la commune. Pour que cela fonctionne, il est nécessaire d’avoir le soutien des habitants; sans ça, on va vers un échec.» Quant à d’éventuelles dérives, la conseillère d’État chargée de la police, Carole-Anne Kast, a été catégorique: «Il n’est pas question que des comportements illégaux se greffent sur cette bulle de légalité.»
Nombreuses précautions
Les participants devront présenter un code QR et une pièce d’identité pour leurs achats, qui se feront uniquement par carte. Ils ne pourront pas ouvrir le paquet d’herbe, qui sera scellé, avant d’être chez eux, a relaté Martine Baudin. Comme pour l’essai lausannois, dont les inscriptions ont débuté le 21 septembre, ils pourront acquérir jusqu’à 50 gr par mois avec une teneur de 20% de THC (maximum autorisé pour l’essai). Les prix seront semblables à ceux du marché noir. Les plants sont cultivés localement. À Lausanne, le magasin ouvrira également d’ici à fin 2023, au centre-ville. Mille deux cents personnes devraient y avoir accès. La Ville fera un point de situation sur son projet le 3 octobre. Au total, en Suisse, cinq projets d’essais ont reçu l’aval de la Confédération: ceux de Zurich, Bâle-Ville, Lausanne, Genève, ainsi que celui de Berne, Bienne et Lucerne. Selon Ruth Dreifuss, une douzaine d’autres sont à l’étude.