SuisseDes lobbies pour nous faire avaler des OGM? Migros dément
Migros, Coop & Co. font partie d'une association qui promeut de nouvelles techniques de sélection des plantes. Les anti-OGM s'en inquiètent.

Migros affirme n'avoir pas encore décidé si elle vendra à l'avenir des produits issus des nouvelles «méthodes de sélection», assimilés à des OGM par les opposants.
TAMEDIA AGDes étiquettes indiquant «nouvelles méthodes de sélection» sur des aliments pourraient à l'avenir cacher des organismes génétiquement modifiés (OGM). C'est en tout cas la crainte de l'Association pour une alimentation sans OGM. Elle accuse directement la Migros* d'ourdir un complot pour éviter de devoir se plier au moratoire interdisant les OGM en Suisse, dont un prolongement jusqu'en 2030 est débattu au Parlement.
*Si seule Migros est mentionnée par l'organisation anti-OGM, le géant orange nous a précisé samedi, après parution de cet article, que les reproches concernaient l'Association «Variétés pour demain». Cette dernière dit défendre les «nouvelles techniques de sélection dans le domaine biomoléculaire». Elle a aussi pour partenaire des distributeurs comme Coop, Denner ou la coopérative agricole Fenaco.
L'organisation, qui a lancé une initiative l'automne dernier, parle d'un document confidentiel où la Migros prévoit d'éviter les références au génie génétique sur ses produits pour pouvoir contourner l'interdiction d'exploiter des OGM. Un courrier de l'association, signé par 35'000 personnes, a même été adressé au directeur de Migros.
«Pas des OGM au sens traditionnel»
«Nous prenons les préoccupations des consommateurs au sérieux et nous nous engageons à garantir la liberté de choix. La critique de l'Association pour des aliments sans OGM n'est pas justifiée, car aucune décision n'a été prise quant à la réglementation de ces nouvelles méthodes», nous a répondu le porte-parole de Migros, Tristan Cerf. L'entreprise insiste sur le fait qu'aucun de ses produits n'est actuellement étiqueté de la sorte. Migros précise ne pas avoir encore décidé de vendre ou non des produits issus de ces nouvelles méthodes de sélection, ni déterminé comment ils seraient étiquetés.
«Ces méthodes ne sont pas considérées comme des OGM au sens traditionnel, reprend Tristan Cerf. Et la science s'accorde à dire qu'elles ne présentent pas de risques plus importants que la sélection conventionnelle.» Le «Tages-Anzeiger» a révélé début mars que la future loi sur les OGM, en préparation par les services du conseiller fédéral Albert Rösti, prévoyait des exceptions au moratoire pour certaines nouvelles techniques de modification des plantes, sous pression de lobbies «pro-OGM».
Une question de définition
Tout le débat sur les OGM tourne autour des «nouvelles méthodes de sélection» qui sont, en résumé, les dernières techniques de modification des plantes pour qu'elles résistent par exemple mieux aux changements climatiques ou aux nuisibles. Les opposants considèrent qu'il s'agit d'écran de fumée, qui joue sur les mots, pour mettre sur le marché des OGM. Des scientifiques, dont la Commission fédérale d'experts pour la sécurité biologique, considèrent par contre que ces techniques ne devraient pas être labellisées comme des OGM, car elles sont similaires aux mutations qui peuvent survenir dans la nature.