Voyage en train au Sri Lanka: à la découverte des plantations de thé

Avoir froid ou chaud, rien n’est plus personnel. On l’observe sur un quai de la gare d’Ella, le 20 mars 2025, à 6h30, quand il fait 17°C. Les Sri-Lankais portent une veste, certains, notamment des enfants, ont même un bonnet sur la tête. Les voyageurs occidentaux, eux, sont en short et T-shirt. La ville se situe à 1041 mètres d’altitude, dans les montagnes qui dominent le cœur et le sud de l’île.

Quelque 45’000 personnes vivent dans cette localité animée par des bars, des restos et des commerces qui ont poussé grâce au tourisme. Ella attire beaucoup de jeunes routards qui sillonnent la région. C’est donc une étape importante de la ligne ferroviaire de 290 kilomètres reliant Colombo, capitale sur la côte ouest, à Badulla, principale ville de la province d’Uva, dans le centre du pays.

La gare d’Ella est desservie par un train mythique, l’Udarata Menike («La jeune fille de l’arrière-pays», en cinghalais), en service depuis 1956. Les voitures actuelles ont été livrées en 2020. Il leur faut entre dix et douze heures pour avaler le parcours intégral.

On peut aussi se contenter d'un segment, celui compris entre Ella et Nanu Oya (le prix de l'aller simple équivaut à 3 francs 30), d'une durée de deux heures et demie. Il offre à voir des paysages spectaculaires, au milieu des plantations de thé. Le chemin de fer sri-lankais atteint là son point culminant à Pattipola, village à 1898 mètres d'altitude.

L'essentiel des passagers appartient à la population locale. Ce matin-là, comme les enfants sont en vacances depuis le 14 mars, beaucoup sont accompagnés de leurs parents et montent dans le convoi qui part d'Ella à 6h40.

Il y a aussi des voyageurs étrangers. Aucun n'a encore 30 ans. Ils viennent surtout d'Europe et des États-Unis. Leurs affaires sont contenues dans un sac à dos. Quelques jeunes femmes voyagent seules. Elles affirment que le pays est sûr. D'autres bourlinguent avec une amie ou leur copain.

L’Udarata Menike est divisé en trois classes tarifaires. Les wagons de la 1^re sont climatisés. Un luxe absent en 3ᵉ classe. Les voitures sans réservation sont bondées. Les touristes apprécient celles où un siège leur est attribué. Il y a nettement moins de monde, ils peuvent, là aussi, circuler d'un compartiment à l'autre et côtoyer les passagers sri-lankais. L'ambiance est joyeuse.

En 3ᵉ classe, les portes peuvent être ouvertes, quand le train est en marche. Comme il roule lentement, certains passagers, à leurs risques et périls, s'accrochent à l'extérieur pour être filmés et photographiés dans un décor enchanteur. On traverse des vallées, des ponts et des tunnels. On aperçoit des cascades et des agriculteurs qui nous saluent au passage, dans des champs de légumes ou des rizières.

Nous descendons du train à Nanu Oya, localité perchée à 1613 mètres, dans le district de Nuwara Eliya, recouvert de théiers à perte de vue. Certains domaines sont ouverts aux visiteurs. La théiculture, importée au Sri Lanka par les colons britanniques, remonte au XIXᵉ siècle. La fraîcheur et l'altitude lui offrent des conditions idéales, contrairement à la jungle qui recouvre le reste de l'île.

Sur les collines escarpées, les travailleuses récoltent les feuilles à la main, méthode qui garantit la qualité. Les producteurs proposent des dégustations. Chez eux, on goûte des infusions légères, florales ou plus corsées. Ce terroir contribue à la renommée mondiale du thé de Ceylan, apprécié pour sa richesse aromatique.

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