Procès à Zurich d’un couple qui enfermait ses domestiques en cage

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ZurichProcès d’un couple qui enfermait ses domestiques dans une cage

Un Suisse de 46 ans et son épouse de 32 ans répondent d’une accusation de séquestration, avec des pratiques BDSM en toile de fond.

Durant deux jours, un improbable procès s'est tenu au tribunal de district d'Andelfingen.

Durant deux jours, un improbable procès s'est tenu au tribunal de district d'Andelfingen.

Tamedia/Madeleine Schoder

Durant deux jours, ce mardi et ce mercredi, le tribunal de district d'Andelfingen a écouté les déclarations des différentes parties impliquées dans un procès hors normes. Pour rappel, le principal accusé, un Zurichois de 46 ans, a admis avoir recruté deux femmes de ménage, auxquelles il imposait toute une série de sévices, en lien avec des pratiques BDSM (lire encadré).

L’homme a toutefois rappelé que la première victime, d’origine philippine, n’était pas coupée du monde. Elle avait un petit ami, qu’elle pouvait voir de temps en temps. C’est d’ailleurs lui qui a organisé sa fuite et le dépôt de plainte auprès de la police. Interrogée à son tour, la victime a expliqué que, si elle avait accepté ses conditions de vie aussi longtemps, c’est parce qu’elle croyait que cela faisait partie d’une prétendue formation hôtelière et que cela lui permettrait d’obtenir un visa. Et c’est son employeur qui retenait son passeport.

Elle savait qu'elle serait enfermée

Pour la deuxième victime aussi, l’homme a tout avoué. Quant à la jeune femme, elle a admis qu’elle savait que l’enfermement faisait partie du job. Mais la Brésilienne pensait que cela se ferait dans une chambre, et pas dans une cage. Et si elle ne s'est pas enfuie, c’est parce que: «Je ne connaissais personne en Suisse et j'avais honte de retourner chez mes parents», dit-elle.

Concernant l'épouse, le Ministère public, qui réclame de la prison avec sursis et une expulsion de Suisse, l'estime coupable de complicité de séquestration. Pour la procureure, elle ne pouvait pas ignorer que le petit manège de son mari était illégal, lorsqu'elle y a pris part. Pour sa défense, l’accusée a dit tout le contraire. Si elle admet avoir eu quelques doutes, l'homme aurait réussi à la convaincre que tout était en règle. D'ailleurs, il tient le même discours: son épouse, dont il est désormais séparé, n’était au courant de rien et elle ne faisait que lui obéir. La défense a plaidé l’acquittement.

Si, sauf surprise, le mari écopera de 36 mois de prison, dont 9 mois ferme, sa peine ayant été pactée avec le Ministère public en échange de ses aveux, l'épouse devra attendre pour connaitre son sort. Le verdict sera rendu le jeudi 26 septembre.

Rappel des faits

Un homme a fait venir une jeune femme dans sa somptueuse villa zurichoise en juillet 2018. Elle y est restée jusqu’en avril 2019. Durant au moins quinze heures par jour, lorsqu'elle n’effectuait pas ses tâches quotidiennes, elle était enfermée dans une petite cage. Elle était aussi soumise à une surveillance constante, y compris la nuit, au moyen d’une caméra thermique. Son salaire mensuel était de 800 francs. En outre, c’est lui qui décidait ce qu'elle devait porter: des sous-vêtements blancs pour la nuit et, en journée, un uniforme de bonne noir. Deux jours après sa fuite, l'homme a fait venir une deuxième femme. Elle est restée environ un mois, jusqu'à l'arrestation du couple.

(xfz/hoh)

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