Extinction rebellion«C’est absurde d’être au tribunal pour avoir fait mon devoir de médecin»
Une dizaine de militants comparaissait en appel pour le blocage de la Rue centrale à Lausanne en 2019. Parmi eux, deux sommités médicales condamnées en première instance.
«A ce stade, entre les canicules et les incendies, les rapports du GIEC qui sont limpides et les scientifiques qui sont unanimes, on le sait tous, non? Que l’urgence est là. Qu’est-ce qu’on fait dans ce tribunal aujourd’hui? C’est absurde!» D’une voix tremblant d’émotion, la comédienne et élue communale Anna Kraenger portait la colère et le désarroi des dix militants climatiques comparaissant mercredi matin au Tribunal cantonal vaudois face au président de la Cour Marc Pellet.
Tous ont fait appel à leur condamnation en février pour l’occupation illégale de la Rue centrale à Lausanne avec Extinction Rebellion en 2019. Listant les catastrophes météorologiques et climatiques intervenues depuis lors, les activistes ont redit qu’ils désespéraient de se faire entendre et de voir la politique prendre des mesures sérieuses, et se trouvaient donc en état de nécessité. «Comment peut-on balayer ceci en arguant que le dérèglement climatique n’est pas un danger «imminent, actuel et concret»?» s’est étranglé le médecin Blaise Genton.
Justice vaudoise plus stricte qu’ailleurs?
«Serez-vous les derniers à condamner des activistes du climat?», a accusé l’ancien responsable médical de la campagne vaudoise de vaccination contre le coronavirus, rappelant que lui-même avait fait de la prison comme objecteur de conscience dans sa jeunesse. Jugements à l’appui, les membres d’Extinction Rebellion ont relevé que des tribunaux zurichois et genevois avaient acquitté des militants, et que la justice vaudoise avait été remise à l’ordre par le Tribunal fédéral pour un procès qui aurait dû être public.
Sur le banc des accusés, Blaise Genton et son épouse Valérie D’Acrmont, également référence cantonale dans la lutte contre le coronavirus, ont réitéré leur appréciation médicale de l’urgence d’agir face au réchauffement climatique. «Même les moins gauchistes des revues de médecine admettent désormais que des moyens illicites deviennent légitimes pour nous permettre d’honorer notre serment d’Hippocrate», a avancé le Vaudois, faisant référence à un article sur l’avortement aux Etats-Unis. «Même dans les pays riches, l’espérance de vie est en train de baisser», a rappelé l’infectiologue Valérie D’Acremont.
D’autres moyens de lutte
En première instance, comme la majorité des autres tribunaux appelés à se prononcer sur ces affaires, le juge Lionel Chambour avait toutefois estimé que, bien qu’incontestable, le réchauffement climatique pouvait être combattu autrement qu’en bloquant la circulation et ne représentait pas un danger imminent, balayant ainsi la question de l’état de nécessité. La gêne occasionnée sur le trafic par cette manifestation non autorisée rendait le rassemblement non pacifique, avait-il tranché, condamnant les douze prévenus à 15 jours-amende; 20, pour les élus communaux parmi eux. Le verdict de la Cour d’appel sera rendu dans quelques jours.
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