Gruyère: Depuis leur grange, ces étudiants EPFL planchent sur une fusée réutilisable

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GruyèreDepuis leur grange, ces étudiants EPFL planchent sur une fusée réutilisable

Une équipe d’ingénieurs en herbe développent un petit prototype de fusée qui doit pouvoir réattérir. Une technologie que ne possèdent que les Etats-Unis pour l’instant, grâce à SpaceX.

Visitez l’atelier de Gruyère space program en vidéo.

rmf/mediaprofil

De la Gruyère à l’espace, l’aventure de ces cinq potes d’enfance fait rêver. Fans de spatial et tous sur les bancs de l’EPFL, une bande d’étudiants développent, dans la grange du père de l’un des leurs, un prototype de fusée qui doit savoir réattérir.

Soutenus par les plus grands

Malgré le décor original du chalet gruérien entouré de montagnes et l’âge des ingénieurs en herbe (tous au début de leur vingtaine), leur atelier est tout ce qu’il y a de plus professionnel. Ils sont d’ailleurs sponsorisés par les plus grands, et parrainés par l’astronaute suisse Claude Nicollier (lire ci-dessous). Gruyère space program dispose de composants usinés par des pros, d’un drone d’essai, d’un pad de lancement expérimental, mais aussi d’une série de clés à molette et de tournevis, et d’un poêle à bois pour les éléments humains de l’équation.

«Ils se donnent les outils pour devenir des ingénieurs hautement qualifiés»

ZSP

Premier Suisse dans l’espace, Claude Nicollier est un fervent supporter des projets spatiaux de l’EPFL. «Je suis extrêmement impressionné par le talent et la motivation de toutes ces équipes, dont Gruyère space program, réagit-il. Ces jeunes se donnent les outils pour devenir des ingénieurs hautement qualifiés, potentiellement pour les plus grandes agences ou entreprises du domaine.» Questionné sur l’apport réel de ces projets sur le «vrai monde», il dit se réjouir des synergies avec les sponsors parmi les plus sérieux. «Si les techniques qu’ils développent sont intéressantes, elles pourront servir», avance Claude Nicollier. 

Au milieu, frôlant le plafond, trône «Colibri», la fusée qui servira de démonstrateur. Elle est petite, porte une charge limitée, mais l’important, c’est son moteur orientable. C’est lui qui doit permettre à la fusée de se remettre droite pour pouvoir réatterrir. 

Un savoir-faire encore trop rare

Mais que peuvent apporter ces débutants dans un monde où les budgets se comptent en milliards? «On veut contribuer au savoir faire» sur les fusées réutilisables, une technologie complexe maîtrisée par SpaceX depuis quelques années, mais dont l’Europe ne dispose pas encore, explique Julie Böhning, 23 ans. «On sent qu’il y a un intérêt pour ce qu’on développe, au niveau étudiant mais aussi au-delà.» Ils sont notamment soutenus par les Vaudois Almatech, partenaires de l’Agence spatiale européenne (ESA) et d’ArianeGroup sur la fusée Themis, qui doit faire la même chose à l’échelle supérieure.

Ce jeudi, la fusée a fait le déplacement de Lessoc à Ecublens pour être présentée officiellement – «même nos familles n’ont pas eu le droit de la voir avant», rigole Jérémy Marciacq, 24 ans. Et puis le travail reprendra, avec une batterie de tests, avant de pouvoir réellement faire décoller Colibri. 

L’Europe tente de rattraper son retard

Alors que, malgré un certain nombre d’essais infructueux, SpaceX maîtrise le ré-atterrissage des lanceurs de ses fusées depuis 2016, ce n’est toujours pas le cas des fusées européennes. L’entreprise française ArianeGroup court dans ses traces, mais a encore du chemin à parcourir avant de pouvoir réutiliser ces éléments, actuellement brûlés en rentrant dans l’atmosphère après leur éjection. Comme le rapportait récemment «24 heures», Almatech vient de révéler une des «jambes» du lanceur Themis, qui doit permettre à l’Europe de rattraper son retard. Les enjeux financiers et géopolitiques sont de taille. 

L’EPFL pèse dans l’espace

Le laboratoire géant qu’est l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) a déjà marqué quelques coups dans le domaine du spatial. Il vient d’équiper un satellite d’un ordinateur de bord conçu par ses étudiants, et participe notamment au nettoyage des milliers de débris qui orbitent autour de la terre, et ses équipes estudiantines participent à de nombreux concours. L’an dernier, un étudiant a par ailleurs conçu un exosquelette devant servir à l’exploration des grottes lunaires. Une start-up fondée à l’EPFL a également créé le premier satellite commercial suisse envoyé dans l’espace, justement sur une fusée de SpaceX.

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