EconomieEpargnants floués: «le logo Solar impulse faisait sérieux»
La faillite de PrimeEnergy Cleantech a dévoré leurs économies. Les petits investisseurs se confient sur leur choc et sa genèse.

PrimeEnergy Cleantech émettait des obligations vertes et investissait dans le solaire et l'éolien.
Getty images«Il y a une bonne année, les gens de PrimeEnergy Cleantech faisaient le show dans un hôtel à la Praille (GE). La salle était pleine. Des gens comme moi, des jeunes retraités.» Aujourd’hui, comme Claude, des centaines de petits épargnants ayant investi leurs économies dans des obligations vertes émises par la société ont sans doute tout perdu (lire l’encadré). La vertueuse poule aux œufs d’or a fait faillite.
Ils habitent Vaud et Genève, ont une cinquantaine d’années ou plus, ont placé entre 30’000 et 200’000 fr., et racontent la même histoire. Ils ont été alléchés par un modèle axé sur le solaire, secteur qui leur semblait «avoir de l’avenir». On leur promettait 3% à 5% de rendement, «alors que c’était nul au niveau bancaire et que les actions, ça monte et ça descend, on n’y comprend rien», note un autre Claude, qui s’est lancé en 2021. Mais les obligations, «on a tendance à penser que c’est plus sûr», dit Alexandre, enseignant. Et le solaire était «éthiquement acceptable.» Gagner de l’argent «en faisant un truc louable» était séduisant.
Un élément a achevé de tous les convaincre: l’image de l’explorateur Bertrand Piccard, ambassadeur de la société jusqu’à peu. «C’est un dieu en Suisse romande», résume Claude. «Son image, le logo de Solar impulse, ça donnait une impression de sérieux», abonde Yann. Les voilà «abasourdis». Claude voit s’envoler «200'000 fr. durement gagnés durant des années de travail». Philippe, ébéniste, craint pour les études de sa fille. Il avait placé 40'000 fr., «un tiers de mon capital». Alexandre se sent «très con. Ça fait mal, je me suis complètement fait avoir.» Il a perdu 30'000 fr. Beaucoup songent à la plainte pénale.
Des caisses vides depuis août
PrimeEnergy Cleantech (PEC) est une société bâloise créée en 2011, nantie d’une succursale genevoise. Bertrand Piccard en a longtemps fait la promotion. Elle a cessé en août de rémunérer ses clients titulaires d’obligations liées au solaire. Le 18 octobre, son CEO les a informés de la prochaine faillite. La raison, selon lui: des prêts accordés à l’actionnaire majoritaire et à des sociétés liées, qui n’ont pas été remboursés. Ces débiteurs et un tiers garant ayant cessé de payer, la société s’est trouvée privée de liquidité.