Exaspérée par l’insécurité, Boudry crie son ras-le-bol

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Boudry (NE)Exaspérée par l’insécurité, la population crie son ras-le-bol

Les citoyens ont exprimé leur mécontentement aux autorités lors d’une séance mercredi soir. Une mesure immédiate a été annoncée: le renforcement de la sécurité dans le tram. Un changement de l’horaire d’extinction de l’éclairage public est envisagé.

Deux cents chaises occupées et une vingtaine de personnes debout. C’est dans une salle comble que la séance publique sur l’insécurité à Boudry en lien avec le centre des requérants d’asile a eu lieu mercredi en présence des autorités cantonales et du Secrétariat d’État aux migrations (SEM). Les échanges ont été musclés et teintés d’émotion. «J’habite à côté du Centre. Ma maison a été cambriolée quatre fois. Nos femmes et nos filles se font harceler. On en a marre! Des habitants ont envie de faire justice eux-mêmes», déclare un premier orateur. «L’éclairage public est éteint car la lumière dérange les chauves-souris. C’est génial», ironise-t-il avant d’annoncer une pétition pour la fermeture du centre. «Vous allez rentrer tranquillement chez vous alors que nous, on vit la peur dans le ventre», a-t-il lancé aux autorités sous des applaudissements nourris. Une dame âgée prend la parole. «Une jeune fille a été harcelée avant le week-end. Elle est ressortie dimanche et le même homme la suivait toujours. Elle a appelé la police et on lui a annoncé une patrouille dans vingt minutes. La police est nulle», s’emporte-t-elle.

Dans ce contexte de campagne électorale, Rosselet-Christ Niels, le chef de file de l’UDC neuchâteloise, saisit l’occasion. Il propose de calquer l’heure d’extinction de l’éclairage public sur celle du passage du dernier tram de 0 h 33 et demande aux autorités d’entendre la détresse de la population. Conquis, le public applaudit encore plus fortement. Plusieurs femmes déplorent le climat d’insécurité, les vols à répétition, les incivilités. En colère, un propriétaire d’immeuble, dont la cour est continuellement souillée, déclare: «c’est la fin de ma capacité à négocier».

«800 à 900 migrants, c’est trop!»

Conscient qu’il évolue en terrain hostile, le conseiller d’État Alain Ribaux se veut rassurant: «Je ne vous laisserai pas dire que la police est nulle. Il y a six à sept patrouilles toutes les nuits. Je vous entends et je ne m’enfuirai pas.» Ensuite, le chef du gouvernement fait corps avec l’assistance et s’adresse au SEM: «Oui, 800 à 900 requérants, c’est trop, c’est explosif et ça ne va pas!» La ministre Florence Nater prend le relais et se dit «touchée par les préoccupations de la population».

Première mesure annoncée dans la soirée: dès novembre, il y aura un accompagnement éducatif à l’intention des migrants dans les transports publics. Sous pression et plusieurs fois houspillé, Gilles de Reynier, le président de la commune, annonce que «la question de l’horaire d’extinction de l’éclairage public sera réexaminée». Mais la nervosité est toujours là. «Essayons de rester calmes et courtois», tempère le président. Dernier orateur, un retraité s’est fait une religion. «Que l’on vote pour la droite ou la gauche, rien ne change. On en a ras-le-bol!»

Finalement, en fin de soirée, la tension va baisser de plusieurs crans. Le verre de l’amitié est passé par là…

«La police aussi en a marre»

L’exaspération n’est pas que chez la population de Boudry. Elle est aussi dans les rangs de la police neuchâteloise. «Les agents aussi en ont marre. Ce n’est pas évident de traiter avec des gens qui ne respectent rien. Mais, grâce à leur professionnalisme, les policiers évitent tout dérapage. Nous essayons d’être au bon moment et au bon endroit», a commenté un officier. Il a notamment demandé aux entreprises de transport d’assumer leur responsabilité. «La prestation de sécurité est comprise dans le billet du voyageur. La police ne peut pas être partout», a-t-il déclaré.

Le centre de réfugiés de Boudry suscite des crispations au sein de la population.

Le centre de réfugiés de Boudry suscite des crispations au sein de la population.

Thomas Egli/Tamedia AG

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