Plan-les-Ouates: une blanchisserie industrielle à l'origine d'une pollution majeure

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Plan-les-Ouates (GE)Pollution de l'Aire: ce serait une blanchisserie industrielle

Le produit qui a tué tous les poissons du cours d'eau est de type soude caustique ou détergent. Quelque 200 litres ont été déversés. Une procédure pénale a été ouverte.

Plusieurs milliers de poissons sont morts mardi 1er avril en soirée dans l'Aire.

Plusieurs milliers de poissons sont morts mardi 1er avril en soirée dans l'Aire.

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La nature de la pollution industrielle qui, mardi soir, a tué des milliers de poissons dans l'Aire, cours d'eau traversant notamment la commune de Plan-les-Ouates, est désormais connue. «Il s'agit d'un produit de type soude caustique ou détergent, très concentré, avec un pH fort, indique Guillaume Pierrehumbert, directeur général de l'Office cantonal de l'eau. Il estime que 200 litres ont été déversés dans une bouche d'égout prévue pour récolter les eaux pluviales. Son origine probable a été identifiée dans la zone industrielle de Plan-les-Ouates.

Selon nos informations, l'entreprise d'où est partie cette pollution serait une blanchisserie industrielle. Les circonstances de l'accident restent pour l'heure inconnues. On ignore notamment si cette société en est directement responsable ou si c'est un sous-traitant opérant dans ses locaux qui a fauté. Son directeur, qui a été contacté, n'a pour l'heure pas répondu. A priori, un acte de malveillance est à écarter. «C'est clairement de la négligence et un grave manque de précaution», évalue Guillaume Pierrehumbert.

«Il faut punir les coupables»

Le département du territoire a déposé une dénonciation pénale contre inconnu. Dans la foulée, le Ministère public a ouvert une procédure pénale, a confirmé le porte-parole du Pouvoir judiciaire, Olivier Francey.

Une seconde dénonciation doit être déposée ce vendredi soir ou samedi matin par la Fédération des sociétés de pêche genevoises. Son secrétaire général, Maxime Prevedello, explique vouloir de la sorte «soutenir l'Etat et montrer que les pêcheurs sont très concernés par la protection du milieu aquatique. Il faut punir les coupables et prévenir. Il est nécessaire que les précautions, qui existent, soient prises: il suffit d'un employé mal formé pour qu'un accident se produise.»

«Un véritable biocide»

L'homme estime que le milieu naturel de l'Aire a subi «un véritable biocide. La soude caustique, c'est ce qu'on utilise pour déboucher les toilettes. C'est le contraire d'un acide, mais ça a les mêmes effets. On flingue tout un écosystème qui mettra des mois à se remettre. Non seulement les perches, les loches, les vairons, les chevesnes et les truites sont morts, mais ça a aussi tué tous les vers de terre.»

L'épisode le plus grave de la décennie

Guillaume Pierrehumbert confirme la gravité de cet événement. «Il s'agit du plus important de la décennie.» Par chance, «il y a très peu d'épisodes avec un tel impact». Le haut fonctionnaire le compare avec la pollution de l'Allondon, en 2001, ravagée par une fuite de la station d'épuration de Saint-Genis, dans l'Ain (F). «La pêche y avait été interdite durant deux ans, le temps nécessaire à son repeuplement», rappelle Maxime Prevedello.

Jusqu'à trois ans de prison

Deux procédures distinctes visent le responsable de cette pollution. L'une est diligentée par l'Etat. «La loi sur les eaux nous permet d'administrer une sanction au pollueur. Elle peut aller jusqu'à 60'000 francs», explique Guillaume Pierrehumbert. A l'avenir, le Conseil d'Etat désire serrer la vis. Il a récemment déposé un projet de loi afin de pouvoir monter jusqu'à 100'000 francs. La justice, elle, traitera l'affaire sous l'angle de la loi fédérale sur la protection des eaux. Là, le contrevenant risque jusqu'à trois ans de prison s'il a agi intentionnellement. Si seule la négligence est retenue, il risque une peine pécuniaire de 180 jours-amende au plus. Une amende immédiate pouvant atteindre 20'000 francs est aussi prévue.

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