Expo à Paris: Une députée française veut censurer l’artiste suisse Miriam Cahn

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Expo à ParisUne députée française veut censurer l’artiste suisse Miriam Cahn

La ministre de la culture Rima Abdul-Malak a défendu l’exposition d’un tableau controversé à Paris après les vives critiques de la députée RN Caroline Parmentier.

Caroline Parmentier a vivement soutenue lors de son intervention par Marine Le Pen et l’entier du groupe Rassemblement national.

Caroline Parmentier a vivement soutenue lors de son intervention par Marine Le Pen et l’entier du groupe Rassemblement national.

Assemblée nationale

«Au nom de tous les enfants, vous devriez avoir honte de ce que vous venez de dire!» Caroline Parmentier, députée du Rassemblement national, a exprimé toute sa colère mardi devant l’Assemblée nationale à Paris, sous les applaudissements de sa cheffe de groupe Marine Le Pen et la standing ovation des députés du parti. Elle venait d’interpeller la ministre de la culture Rima Abdul-Malak sur le tableau controversé de l’artiste suisse Miriam Cahn, actuellement exposé au Palais de Tokyo et qui est accusé de représenter une scène de pédopornographie.

«Rien ne justifie l’exposition d’une telle oeuvre, pas même le prétexte de la dénonciation des crimes de guerre, a-t-elle dit. Le tableau de Miriam Cahn nuit gravement à nos valeurs communes et au combat pour la protection de l’enfance». Sa demande: que la ministre de la culture intervienne pour faire ôter le tableau de l’exposition. Elle avait, quatre jours auparavant, publié sur Twitter une vidéo d’elle, devant le tableau en question, en train de formuler la même demande. «En tant que femme et en tant que mère, je vous demande: quand ce tableau va-t-il être décroché?» a demandé Caroline Parmentier.

La ministre de la culture Rima Abdul-Malak a défendu l’exposition qui se tient au Palais de Tokyo.

La ministre de la culture Rima Abdul-Malak a défendu l’exposition qui se tient au Palais de Tokyo.

Assemblée nationale

Défense du gouvernement

La réponse de la ministre a été tout aussi cinglante. «Vous êtes allée faire votre coup de com’ et filmer ce tableau, mais est-ce que vous avez vu l’ensemble de l’exposition? Est-ce que vous avez échangé avec les médiateurs? On ne peut pas sortir une oeuvre de son contexte», a-t-elle dit, rappelant que Miriam Cahn est une artiste «qui depuis 40 ans documente et dénonce les horreurs de la guerre».

«Oui, l’art peut choquer, questionner, susciter du malaise voire du dégoût. L’art n’est pas consensuel. La liberté de création et d’expression est garantie par la loi. Vous avez toute liberté d’intérpréter l’oeuvre comme vous voulez mais ce n’est ni à une ministre ni à une parlementaire de qualifier une infraction pénale, c’est le rôle de la justice», a-t-elle dit. 

Aucune plainte dans le musée

Pour sa part, le Palais de Tokyo, qui avait déjà pris position lorsque la polémique a éclaté, a fait un point de situation puisque l’exposition a commencé il y a tout juste plus d’un mois. «Elle a déjà accueilli 40’000 visiteurs en cinq semaines, sans plainte de la part des visiteurs de l’exposition», écrit-il, rappelant en outre l’important dispositif pour avertir les visiteurs que des contenus peuvent déranger et que l’exposition est déconseillées aux mineurs. 

L’Observatoire de la liberté de création a lui aussi apporté son soutien «plein et entier à l’artiste et au Palais de Tokyo et invite les contestataires à aller voir l’exposition au lieu d’en dire n’importe quoi». Il rappelle que le tableau entend dénoncer les viols sur les victimes ukrainiennes dans la guerre et s’étonne que «Caroline Parmentier, députée RN qui s’est abstenue de voter la résolution affirmant le soutien à l'Ukraine et condamnant la guerre menée par la Russie, préfère demander le retrait d’une œuvre qui représente, selon elle, des crimes contre des enfants, que dénoncer ces crimes eux-mêmes».

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